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cours dans la chambre à côté ; mon frère n’a que le temps de se revêtir et de sauter par le bacon, dont je lui avais déjà montré le chemin. Malheureusement, il s’y prend de façon qu’un de ses caleçons s’accroche ; il tombe et se casse la jambe. Inquiet de ne pas le sentir sur mes talons, je revenais, quand j’aperçois sur le balcon le mari, son fusil à la main, qui visait mon malheureux frère gisant à terre. Je n’ai pas le temps de crier ; le coup part ; j’entends un gémissement… mon frère est mort !…

Je le pris sur mes épaules et le rapportai à la maison ; puis, saisissant mon fusil, je retournai chez le meurtrier. La fenêtre était encore ouverte, et il se faisait un grand tapage au dedans. La femme gémissait, le mari la battait. Je remonte par le balcon, tenant mon fusil entre mes dents. Il y avait de la lumière dans la chambre ; je tire l’homme, et je l’étends roide ; puis je m’en vais.

Le lendemain, on venait pour m’arrêter, mais j’étais déjà parti : — Voilà mon histoire. Car après cela, de vous dire jour par jour ce que j’ai fait, ce serait monotone et… trop long, ajouta-t-il, avec autant de discrétion que de modestie.

Nous le remerciâmes et nous priâmes son voisin, un jeune homme d’assez agréable figure, de prendre la parole à son tour. Il s’excusa de ne pas savoir parler ; mais, dit-il, je raconterai la chose tout simplement, comme elle est.

Un jour, au bal, je vis une jeune fille qui me plut. Je lui pris la main ; elle me parla ; nous nous revîmes plusieurs fois et toujours nous dansions ensemble avec un plaisir plus grand. Elle m’apprit que son père avait été tué dans une querelle et qu’elle n’avait plus que sa mère et deux frères. Je lui dis :

— Veux-tu être ma femme ?

Elle rougit d’abord et ne dit rien ; moi, sachant où elle demeurait, j’allai sous sa fenêtre la nuit suivante ; car je ne pouvais attendre à l’autre dimanche ; et je jetai du