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heures du soir, déposera le tout sous la plus grosse pierre et s’en reviendra.

— Bon ! dirent-ils alors ; c’est bien ! nous te remercions.

— Mais en échange, reprit Effisio, vous allez bien nous offrir une côte d’agneau rôti ?

Che agnello arrostito ! Quel agneau rôti ? s’écria le chef, d’un air à la fois étonné et indigné. Te moques-tu de nous ?

— Allons, allons ! compagnons, je connais ça ; ne sommes-nous pas tous du pays ? Vous avez laissé éteindre le feu, je sais pourquoi ; et je sais aussi pourquoi vous l’avez allumé. Est-ce parce qu’on m’a dit aujourd’hui, à ma pastorisia, qu’un agneau avait disparu la nuit dernière, que vous allez croire peut-être que je mangerai celui-ci de moins bon cour ? Bah ! un agneau n’est qu’un agneau, et je ne dis pas d’ailleurs que ce soit le même. Allons déterrez le rôti, et je vous promets 5 kilogrammes de cuisse de vache, en plus du pain et du vin.

Su Diavolo ! Tu es un vrai Sarde ! s’écria le chef en riant.

Les autres bandits se levèrent, et, à ma grande surprise, ayant balayé les braises et les cendres, et levé une couche mince de gazon, ils découvrirent un trou, dans lequel je vis, entre les pierres et les branches, un agneau qui me sembla cuit à point. Les bandits le retirèrent et le posèrent sur une écorce de liège, tandis que l’un d’eux, prenant une outre, courait à la fontaine voisine chercher de l’eau.

— C’est ainsi, me dit en français Efficio, que se cuisent à la montagne les agneaux volés, afin d’éviter les surprises.

Ce rôti, cuit à la sauvage, était loin d’être mauvais ; nous avions grand appétit, et il n’en resta que les os, lesquels furent enterrés à la même place. Quant à la peau, elle avait déjà été mise en lieu de sûreté et devait servir plus tard à la confection d’un vêtement.

(À suivre.)

André Léo.