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parole peut s’appliquer au chef-lieu de la Gallura orientale.

Ils se laissaient aller au charme de causer du pays et de la famille, bien qu’ils en eussent des nouvelles de temps en temps, soit par les pasteurs, soit par ceux de leurs parents qui venaient les visiter de loin en loin. Un seul était vieux et menait cette vie depuis trente ans Les autres étaient des gars de 20 à 30 ; le chef en avait 35 peut être.

— Savez-vous, dit tout à coup Effisio, que nous ne sommes pas seulement fatigués ; nous avons faim.

À cette déclaration, les bandits se regardèrent.

— Vous devriez, poursuivit mon ami, nous inviter.

— Tu sais, dit le chef, que nous vivons sans manger, nous autres ; il n’y a presque plus de daims maintenant à la montagne, et ils courent plus vite que nous. Quant au pain et au vin, nous n’en goûtons pas deux fois par an.

— Je vous en enverrai, si vous voulez, dit Effisio.

— Hum ! firent-ils, avec désir et défiance tout ensemble.

— Voyons, reprit mon ami en haussant les épaules, je ne suis pas un carabinier, moi, ni seulement un barracello, mais un vrai Sarde. Voulez-vous que je vous envoie deux outres de vin et quelques kilos de papier à musique, par le vieux Cabizudu, à l’endroit que vous voudrez ?

Ils se consultaient des yeux, indécis ; mais ne pouvant se résoudre à refuser. Enfin l’un d’eux proposa un lieu, que les autres repoussèrent.

— Ah ! que vous avez de crainte ! dit Effisio. Tenez, moi, je vais vous dire où je veux faire déposer les provisions.

Il indiqua un lieu, que je ne connaissais point et poursuivit :

— De là, on voit les arrivants d’une lieue à la ronde. Cabizudu viendra vers les six