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serais pas venu les chercher… mais puisque les voilà, remercie la Providence qui te fait tout voir.

Les bandits de leur côté échangeaient leurs observations.

— Ils se calment en voyant que nous ne sommes que deux, et de simples bourgeois, me dit Effisio. Ils ont craint les carabiniers. Faisons bonne contenance !

À peine arrivé près des bandits, il descendit de cheval, le fusil à l’épaule et je l’imitai.

— Salut, compagnons. Nous sommes égarés ; nous avons vu votre feu et sommes venus vous demander le chemin.

Il y eut un silence et un peu d’hésitation ; mais celui qui paraissait le chef, ou du moins le plus influent, répondit bientôt par l’interrogatoire habituel :

— Et où allez-vous ?

— À Nuoro.

— Vous êtes de Nuoro ?

— Oui ; je me nomme Effisio Cambazzu, et mon ami est Français.

Effisio Cambazzu ! dit l’un, je vous ai vu tout petit ; je ne vous aurais pas reconnu. Votre père est mort ?

— Depuis un an.

— Et d’où venez-vous comme ça ?

— De ma pastorizia et de celle de Cubeddu.

— Ah ! ah !

Les bandits échangèrent tous ensemble un regard, accompagné d’un demi-sourire.

— Il est tard pour être dans la montagne.

— Nous avons dormi, puis nous nous sommes égarés. Nous voulions faire un grand tour et revenir par la route de Macomer. Je ne connais pas bien le chemin.

— Vous n’êtes pas loin de la route de Macomer.

— Voulez-vous nous y conduire ?

Ils se consultèrent ; puis l’un d’eux se déclara prêt à nous servir de guide. Cependant, ils échangeaient des regards louches et considérant que nous n’étions que deux contre cing, hommes sauvages et déterminés, je