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sions désormais, nous ne pouvions arriver avant la nuit, Bah ! nous avions deux fusils et peu d’argent ; nous ne craignions pas les bandits.

Effisio, cependant, chercha à prendre au plus court, et, comme il arrive souvent en pareil cas, surtout dans la montagne, nous trouvant en des lieux où il avait passé rarement, il se trompa. Nous revînmes sur nos pas et nous nous égarâmes encore. Heureusement, les éclaircies n’étaient pas rares ; nous pâmes nous orienter ; mais la nuit tombait, et sous l’ombre que les chênes projetaient dans le chemin, il fallait abandonner complétement nos chevaux à eux-mêmes. Nous nous trouvions de nouveau incertains de notre route, quand une lueur frappa nos regards.

— C’est un feu de bergers, me dit Effisio, allons-y. Un de ces garçons nous servira de guide jusqu’à la route.

Plus de dix minutes nous furent nécessaires pour arriver jusqu’au foyer, dont la lueur se projetait au loin en formant les plus beaux effets dans les feuillages. Nous allions doucement ; mais le pas de nos chevaux avait averti les gens que nous cherchions ; car en approchant, nous les vîmes debout, les yeux tournés de notre côté, dans une attitude inquiète et fort peu hospitalière.

Ils étaient cinq, tous armés d’un fusil, et la dague à la ceinturé. Même à distance, on pouvait reconnaitre que leurs vêtements étaient sales et déchirés. Barbe et cheveux emmêlés, et l’air quelque peu hagard. Dès le premier coup d’œil, je me dis que c’étaient là des bergers de mauvaise mine.

— Ce sont des banditi, me dit Effisio.

Le son tranquille de sa voix en prononçant de telles paroles me surprit ; elles n’avaient pas laissé que de me causer une commotion, et j’arrêtais mon cheval, quand je m’aperçus que le sien marchait du même pas.

— Eh bien ? lui dis-je.

— Nous sommes trop avancés pour reculer ; je suis sûr que tout se passera bien. Je ne