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italien, attendait avec des yeux brillants et altiers, fixés sur moi, ma réponse. J’allai le remercier ; il parut content, me serra la main et répéta à plusieurs reprises : caccia caccia ! (chasse) d’où je compris qu’il avait à cœur de tenir la promesse qu’il m’avait faite, d’une grande chasse au sanglier. Pour Grazia, elle s’était remise à son métier, et l’on eût dit que tout cela lui était devenu indifférent. Ce qu’elle désirait était obtenu, mais ce n’était pas moi qui avais à lui savoir gré de ce désir. — Ah ! la rusée ! pensai-je, — car Effisio allait avoir à toute heure ses entrées à la maison. Non, ce n’était pas pour moi qu’elle avait parlé.

Je sortis ensuite avec Effisio, qui m’exprima en particulier son regret de ne pas m’avoir de suite chez lui, mêlé d’excuses sur le peu de confortable de son ménage de garçon, tenu par une vieille servante, et pauvre comme il l’était lui-même.

Assez de compliments, lui dis-je ; votre hospitalité dépasse mes prévisions. J’étais venu avec l’idée d’aller à l’hôtel et de ne vous déranger de vos habitudes que par une amitié de plus et le soin de me montrer et de m’expliquer votre pays…

— L’hôtel ! répéta-t-il en se récriant, l’hôtel est pour les étrangers de passage ; mais ceux qui ont des amis ne vont pas à l’hôtel ; ce serait une honte ! Et vous voyez qu’en cas d’absence les parents se font un devoir de nous remplacer. Je crains seulement que vous vous ennuyiez un peu chez de Ribas ; agissez-en tout à fait à votre aise et comme avec moi.

— Vous me prêterez, lui dis-je, une histoire de la Sardaigne, car il n’y en a pas dans la maison, et je désire savoir combien de temps a duré ici la domination espagnole pou y avoir laissé tant d’empreintes. Votre parent est un hidalgo ?

— Oui, c’est le descendant d’une grande famille aragonaise, qui est venue s’établir ici au temps de la conquête, c’est-à-dire au 14e siècle. Tous pauvres et tous nobles,