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une réputation plus terrible, c’est que, surpris une nuit par trois carabiniers, il en a tué un et mis les autres en fuite. C’était près du Nurhag, sur la route de Bitti. Les carabiniers avaient épié Antonietta et l’avaient suivie au rendez-vous qu’elle et son amant s’étaient donné. Gavino, furieux, se défendit comme un sanglier. Depuis ce temps, il est redouté et respecté tout ensemble dans le pays. On dit qu’Antonietta disparait de temps en temps. Mais le malheureux ne connaît pas son enfant.

— Il a un enfant ?

— Oui, qu’on appelle le Sirvonino et que la famille élève et protége, quoique bâtard. Il est vrai que son père et sa mère ne peuvent pas se marier.

— Quelle triste vie ! et comment peut-elle tenter ces jeunes gens ?

— Il y a chez nous l’instinct de la vie sauvage et l’horreur du service militaire. On ne raisonne pas ; on suit l’instinct. Cependant, le nombre des latitanti pour cette cause est considérablement diminué, depuis que le service n’est plus que de trois ans, et il n’y a plus guère à la montagne que d’anciens réfractaires, ou des hommes poursuivis pour homicide.

— Et tous ces banditi sont en relations fréquentes avec les pasteurs ?

— C’est obligé. Nos pasteurs ne peuvent se mettre en guerre avec eux. Ils veillent seulement de près leur bétail la nuit. Mais les bandits volent rarement qui leur a donné l’hospitalité. Les relations réciproques ne sont pas seulement fréquentes, mais cordiales.

André Léo.

(À suivre.)