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Gallura, tissent les vêtements de la famille. Effisio, tout d’abord, voulut m’emmener chez lui ; mais alors entre lui et de Ribas un débat s’établit, qu’à l’éclat des voix, à la vivacité des gestes, à l’entrecroisement des paroles, je crus voir dégénérer en altercation. Cela se passait en sarde, pourtant, à certaines expressions, il me sembla que j’en étais l’objet, et je voyais Grazia toujours silencieuse, mais palpitante, écouter, les lèvres entr’ouvertes, comme si elle eût désiré et n’eût pas osé y prendre part. Cependant elle fit quelque pas, de manière que le regard d’Elfisio tombât forcément sur elle, et dit une faible parole, dont mon ami, bien qu’il n’y répondit point, parut frappé. À partir de ce moment, le ton crescendo de l’entretien s’abaissa et finit par se fondre dans un murmure harmonieux.

De Ribas vint à moi et me prit la main. Effisio, d’un air un peu confus et regrettant encore, me dit :

— Mon cher ami, don Antonio ne veut pas me permettre de vous emmener ce soir chez moi. Il allègue les droits de l’hospitalité, qu’il a conquis par mon absence ; il dit que si vous quittez sa maison aussitôt mon arrivée, cette hospitalité semblera de sa part comme de la vôtre une chose forcée, que l’on se hâte de cesser dès qu’elle n’est plus nécessaire. Il ne l’entend pas ainsi ; sa maison, me dit-il, est à vous, pour aussi longtemps que vous lui ferez l’honneur d’y rester, et il espère que vous ne la fuirez pas avec trop de hâte. D’ailleurs, il veut bien ajouter qu’elle sera la mienne comme la vôtre, tout le temps que vous y habiterez. Nous accepterons tous deux, si vous le voulez bien, pour cette semaine, l’offre de notre digne et généreux ami, don Antonio, et j’emploierai ce temps à rendre ma pauvre, demeure plus digne de vous recevoir…

Je vis qu’on avait décidé mon sort, que je n’avais plus qu’à accepter. De Ribas, pendant le petit discours d’Effisio, débité en