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solidement en pierres sèches et couverte de morceaux de liége, de formes et de grandeurs inégales, posées sans art sur des poutrelles croisées. En maints endroits, le toit et la muraille laissaient passer le jour, qui pénétrait d’ailleurs par l’entrée, puisqu’il n’y avait pas de porte. Autour des parois se voyaient un tas d’objets couverts de poussière, bois, engins, coffres, vêtements, pêle-mêle, au milieu desquels je distinguai une gibecière, un fusil, plusieurs dagues, de grands seaux en liége pour le lait et une chaudière. Aux parois, des poutrelles supportaient de grandes écorces, laissées à leur courbe naturelle, où l’on avait entassé des fromages et du pain en feuilles. Un seau en liège, posé par terre, près des joueurs, contenait de l’eau, sur laquelle flottait une grande cuiller, également en liége, faite d’une bosse de l’arbre. Chacun fréquemment y puisait, portant la cuiller à ses lèvres. On voyait encore d’autres cuillers en corne de bœuf, qui servaient à boire le lait, comme en témoignaient les résidus blanchâtres dont elles étaient parsemées. On nous les présenta sans les laver, en nous offrant la giunchetta, sorte de caillé bouilli, assez aigre, et que je trouvai mauvais — peut-être à cause des cuillers — mais qui passe pour excellent. Tout le monde, sans aucune cérémonie, y trempait sa cuiller tour à tour. J’eusse bien voulu m’abstenir, mais je dus céder aux instances du pasteur, qui était à cent lieues de comprendre mes répugnances et qu’aurait blessé mon abstention.

J’osai demander à ces hommes où ils dormaient ; le pasteur me montra le sol et m’expliqua qu’ils s’y couchaient en demi-rond, les pieds réunis tous ensemble près du feu.

— Du feu ! Vous n’en faites pas maintenant ?

— Pardon, été comme hiver, là, en dehors, à l’entrée du covile. Chacun l’entretient à son tour ; c’est bon pour la santé.

Il me dit aussi qu’ils descendaient, l’hiver à mi-côte de la montagne.