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— Tu sais, reprit Effisio, que pour moi je désapprouve la vendetta. Si tu voulais me croire, tu ferais la paix avec de Ribas et…. Tolugheddu.

Ce mot lui restait à la gorge ; il le prononça rapidement. Nieddu sourit, en haussant doucement les épaules.

— Ne songe pas à cela.

Un mouvement se fit dans le covile, où nous étions debout les uns contre les autres. C’était le Sirvone, qui, voyant qu’Effisio ne lui avait pas adressé la parole, voulait sortir ; les autres le retenaient. Effisio s’avança vers lui :

— Sois le bienvenu, lui dit-il, prononçant la parole sacramentelle de l’hospitalité.

Mais le bandito secoua la tête.

— Ta parole ne sort pas du cœur.

— Tu te trompes ; tu es mon hôte ; je ne repousse jamais un homme qui est fatigué et qui a faim. Reste, je te prie. Tu me ferais en partant un affront que je ne mérite pas ; car j’ai toujours encouragé mes pasteurs à recevoir quiconque se présente ici. Dès que les viandes seront cuites, j’enverrai ta part avec celle des autres.

— Et moi, puis-je vous offrir quelques cigares ? dis-je au bandit, en lui en présentant une poignée.

Ses joues se colorèrent de plaisir, il me remercia, et allumant de suite un cigare, il se rassit à la place qu’il occupait et reprit avec les pasteurs, la partie de cartes interrompue.

Pendant ce temps, le chef s’était empressé de nous préparer un siége sur une planche de liège, posée sur deux pierres et recouverte d’une bertola. Je m’assis et laissant Effisio causer avec le pasteur, qui montrait ses fromages et donnait des comptes, je considérais l’étrange habitation où je me trouvais.

Jamais, assurément, peuples primitifs n’en eurent de plus fruste. C’était, comme je l’ai adit, une hutte à peu près ronde, ayant environ deux mètres de diamètre, bâtie assez