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mander une brebis pleine. Le padrone sait que cela ne se refuse pas ?

— Fort bien ! dit Effisio ; et vous ne lui avez pas donné la moins bonne, j’espère ?

— Oh ! non, je lui ai dit : le patron est généreux, choisissez vous-même. Il en a pris une superbe, allez ! Il faut bien que les riches aident les pauvres. Giovannino est travailleur, il prospérera ; plus tard, il pourra donner à d’autres.

Nous avions repris notre marche vers le covile, et je me faisais expliquer par Effisio le fait de Giovannino Corrias. Il me dit que c’était une fraternelle coutume du pays qui, malgré certains abus, subsistait encore, de donner une brebis pleine à fout homme pauvre qui en faisait la demande, en vue de se composer un troupeau.

— Et tiens, ajouta-t-il, le propriétaire de la pastorizia la plus voisine, qui maintenant possède un troupeau beaucoup plus fort que le mien, à commencé ainsi. Il a maintenant près de 50) brebis, et depuis longtemps il a acheté le pâturage qu’il avait loué d’abord, une centaine d’hectares de montagne, plantés de chênes-liéges.

— Une centaine d’hectares ! m’écriai-je ; alors c’est un des riches propriétaires du pays ?

Effisio sourit.

— On n’est pas riche ici à moins de mille hectares ; encore n’est-ce qu’une fortune de 40 à 50 mille francs, en y comprenant la maison. Le vieux Cubeddu, a payé ses cent hectares au plus 800 écus (4,000 fr.). Nous irons le voir, si tu le veux ; c’est un beau vieillard.

Je ne pouvais m’empêcher de remarquer depuis un moment l’inquiétude du pasteur. À chaque pas, il semblait plus embarrassé ; enfin s’arrêtant :

— Padrone, il faut que je vous dire quelque chose.

— Parle.

— Il y a du monde au covile.