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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 15 MAI 1878.

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GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

IX. — (Suite.)

Nous passions au milieu de beaux chênes-liéges, mêlés de chênes rouvres ; plus bas, nous avions laissé des poiriers sauvages couverts de fruits, gros comme des noisettes, très abondants parmi ces montagnes, et qu’on se garde bien de greffer. Par une chaleur très-méridionale, tous ces arbres étaient d’une fraîcheur extrême, mais, à part la ronce et la fougère, on ne voyait point au-dessous d’eux cette admirable végétation d’herbes et de fleurs, qui chez nous couvre le sol de la montagne. L’herbe était sèche, brûlée ; les plantes presque nulles, à l’exception de la fleur de Saint-Jean, qui, là aussi, répandait son parfum âpre et pur. Cependant, je respirais à pleins poumons cet air sain et pénétré des fraicheurs de la végétation, dont j’étais privé sur le plateau dénudé de Nuoro, et, sans les difficultés des chemins et la sueur qui trempait nos pauvres chevaux, j’eusse volontiers prolongé pendant des heures ma promenade, au mi-