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nous a faits Sardes. Il faut bien être de son pays ; et pourvu qu’on ne meure pas sans confession…

L’évasion de Nieddu fut une déception terrible pour les Tolugheddu et pour de Ribas. Nieddu latitante (fugitif) n’était pas moins à craindre ; peut-être l’était-il plus, ayant moins à ménager, et n’ayant qu’à courir la campagne, en proie à des privations qui rendent l’homme plus farouche et plus déterminé. Antioco redoubla de précautions : on ne le voyait jamais seul, et il ne sortait jamais après la fin du jour. Ses voyages d’Oliena à Nuoro devenaient à la fois très-rares et très-longs. Il passait quelquefois chez de Ribas la semaine entière et l’on parlait de presser les noces ; mais les meubles n’étaient pas encore, achevés. Or, l’usage veut que l’épousée fournisse au moins tout le mobilier de sa chambre, quand elle va dans la maison des parents de son mari, ou le mobilier complet, si la maison est nouvelle et affectée seulement aux jeunes époux. De plus un large trousseau. De Ribas tenait à être magnifique. Enfin, cette hâte de noces ayant lieu deux mois, et non pas deux ou trois ans, après les fiançailles, étant contre l’usage du pays, déplaisait à la famille, qui ne se pressait point de se rendre, à cet égard, aux désirs des Tolugheddu.

Tout ce débat s’agitait autour de Grazia, sans qu’elle eût même voix consultative.

Pepeddo avait effectivement joué le rôle de Zopire, afin de pouvoir porter témoignage contre Nieddu. Une somme lui avait été payée à cet effet ; mais il n’était pas rentré au service d’Antioco, vu l’excès de franchise avec lequel il avait joué son rôle. Ni le père, ni le fils ne lui pardonnaient de les avoir publiquement ridiculisés. Il prit le parti de se choisir une fiancée et d’employer l’argent qu’il avait à lui acheter des bijoux. Cette fiancée fut la fille ainée de Cabizudu, une jolie brunette, qui n’avait à mes yeux d’autre défaut que de prendre une part, tantôt active et tantôt passive, au tableau de famille