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lement, par le moyen de ses reliques, déposées à Cagliari et que l’on promène tous les ans en grande pompe, cléricale et municipale.

Grazia me dit tout cela d’un air simple et convaincu. Elle était catholique. Et comment ne l’eût-elle pas été ?

Don Antonio me fit mettre à table près de lui. Dans cette demeure paysanne, je fus un peu surpris de l’abondance des mets qu’on me servit : potage aux pâtes, poule bouillie, la moitié d’un agneau, un jambon de sanglier, des saucissons de porcs, du fromage, du miel, des pâtisseries sèches. On nous servit au dessert un plat composé d’œufs, de pommes de terre et de miel, aussi savoureux qu’original. Avec cela, deux sortes d’excellent vin, blanc et rouge, et le café. Mon hôte et sa femme bourraient mon assiette et paraissaient désolés de ne pas me voir manger comme deux ou trois.

Le sanglier était le produit de la chasse de mon hôte. Don Antonio me fit à ce sujet des récits qui le posaient en grand chasseur et me promit d’organiser pour moi très-prochainement une chasse au sanglier. Tout ceci par l’intermédiaire de sa fille ; car je ne pouvais toujours pas le comprendre, bien que par-ci par-là je saisisse quelques mots italiens, latins ou espagnols, qui me faisaient deviner Je sens de ce qu’il disait — quand ils ne me fourvoyaient pas.

On me conduisit ensuite dans ma chambre. J’avais évidemment la plus belle de la maison. Le lit de vieux chêne sculpté était orné de courtines de damas de soie, un peu déchirées et remontant sans doute à plus de doux siècles. Ce lit formait, avec une table et un bahut, quelques chaises, tout l’ameublement. La fenêtre donnait sur le jardin, où je ne vis que des choux, des salades, quelques figuiers et abricotiers. Mais, au delà, vue magnifique, donnant sur la montagne et le ravin, séparés par la ligne blanche de la route que j’avais parcourue, celle d’Orosei. Je dormis là d’un bon sommeil, que