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qu’il prend son fusil et lui en donne sur le dos un grand coup de crosse, dont Pepeddo est tombé par terre. Alors le gars s’est mis à crier : J’en ai assez de votre service, fainéant ! gamin ! vaurien ! poltron ! je ne veux plus entendre parler de vous et de votre ladre de père, qui ne nous donne à manger que des fèves et des agneaux morts de faim. Je m’en vais Payez-moi mes gages, ou je vais me plaindre au juge.

— Veux-tu te taire ! lui disait l’Antioco, lequel, signor, était devenu tout rouge. Et il prit de l’argent dans sa poche, qu’il lui jeta en disant : Canaille as-tu ton compte ?

Faut-il qu’il en ait de l’argent sur lui, signor ? Eh ! Madonna !… Alors Pepeddo s’en est allé, mais en jurant qu’il se vengerait. Eh ! ma foi, tenez, signor, je n’en donnerais pas cher de la peau du signor Antioco, tout riche qu’il est ; car en voilà un de plus qui lui veut mal, et c’en était déjà bien assez d’un autre… hum !… Non, je n’en donnerais pas cher. Qu’il prenne garde à lui ! Un garçon comme ce Pepeddo, qui était dans la maison depuis cinq ans et un excellent domestique ! Les riches sont bien ingrats !

— Vous étiez là ? demandai je.

— Oui, signor, je me : promenais, et j’ai tout vu et tout entendu. Le monde accourait, c’était une foule !… Et j’ai entendu parfaitement Pepeddo dire en passant près de moi : Il me le paiera ! — Or, quand un Sarde, signor, dit cela…

Effisio, lui aussi, avait été présent à la scène, et me la raconta de nouveau. Il avait été étonné de la violence d’Antioco, pour un motif si peu grave.

— Après tout, me dit-il, c’est parfois ainsi : nos Sardes ont des nerfs terribles, qui partent tout à coup, on ne sait pourquoi. Antioco, sans doute, était agacé par une contrariété secrète.

Il ne put s’empêcher de sourire, en ajoutant :

— Pepeddo n’avait pas la langue en poche ; il en a dit assez long sur les habitudes des