Page:Leo - Grazia.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas choisis nous-mêmes et auxquels nous n’avons aucune raison de nous fier, animés le plus souvent de préjugés et de passions qui d’avance les rendent ennemis d’une des parties et favorables à l’autre. Je voudrais donc, à chaque litige qui surviendrait entre deux familles, que celles-ci choisissent, en dehors d’elles, parmi les hommes sages et respectés du pays, des juges bénévoles, à la décision desquels on jurerait d’avance de se soumettre, qui se feraient rendre un compte exact des faits, interrogeraient les parties, et prononceraient sur la réparation qui doit avoir lieu.

De cette manière, le coupable serait blâmé, puni sans rigueur excessive et justice serait faite, sans effusion de sang, avec toute garantie d’impartialité, et d’intelligence des choses ; car vos juges seraient des hommes d’entre vous, investis de votre confiance.

Effisio prit aussitôt la parole pour déclarer qu’il se rangeait pleinement à mon avis ; l’avocat de la civilisation m’approuva. De Ribas fit une petite grimace, comme si la proposition ne lui paraissait ni trop bonne, ni trop mauvaise, et dit seulement que ce ce serait bien difficile à faire, étant si nouveau ! Antioco déclara n’avoir rien à objecter contre cette proposition. Quant à Basilio, il hésitait ; évidemment, il n’avait pas confiance dans mon procédé ; car pour lui, il ne s’agissait toujours que d’une chose gagner la partie sans rien laisser prendre à l’ennemi, ni la vie, ni la bourse. La justice de ces juges élus l’inquiétait.

Il va sans dire que le clan Puxeddu repoussa ma proposition à l’unanimité, avec un enthousiasme toujours plus grand pour la sainte coutume et le point d’honneur. En somme, point de conclusion. C’était aux Tolugheddu à la donner, et nous les regardions dans l’attente.

— Mes chers amis, dit enfin Basilio, nous vous remercions ; nous penserons plus longuement à vos bons avis ; — il nous regarda