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— Un homme consciencieux n’a d’autre conseil à donner que dire ce qu’il a fait, ou ferait lui-même en pareil cas. Voici donc ce que j’ai fait plusieurs fois et ferais encore, si j’avais reçu un outrage, ou si je me trouvais sous le coup des menaces d’un ennemi ; j’irais à lui et lui dirais : « Tu veux ma vie ; moi, j’entends la défendre contre toi. Mais cessons de nous épier et de nous tenir sous le coup d’entreprises perfides, dans une inquiétude continuelle. Mesurons-nous l’un contre l’autre, dans un combat loyal, assistés de nos témoins. C’est l’offensé qui tirera le premier, et quoi qu’il arrive, que l’un ou l’autre soit mort ou blessé, l’affaire sera finie, l’honneur sera satisfait ; il n’y aura pas d’autre vengeance. »

Un nouveau brouhaha suivit cet avis, dont Puxeddu fit âprement la critique :

Et pourquoi s’en remettre au sort, au lieu de s’en prendre à son habileté et à son audace ? Aller s’exposer aux coups de son ennemi, quand on peut s’en débarrasser dans une embuscade ! Quelle sottise !… Voilà les belles choses que nos jeunes gens vont apprendre sur le continent, ajouta-t-il, en jetant un regard de travers sur Effisio.

Antioco était resté silencieux ; d’autres encore blâmèrent l’avis d’Effisio, qui n’eut aucun succès. Mon tour étant venu, je dis que tous les moyens proposés me paraissaient mauvais, parce que je ne voyais en toute contestation qu’un but à poursuivre : rendre justice à celui qui est lésé, mettre le bien à la place du mal, et le bon accord à la place de la lutte ou des querelles. — Et, sans paraître m’apercevoir que le clan Puxeddu haussait les épaules, je poursuivis :

— La vendetta n’atteint pas ce but, puisqu’elle n’est que le meurtre et la haine éternisés ; le duel est encore un hasard, qui donne souvent la victoire au coupable ; enfin, les tribunaux ne sont pas toujours bien éclairés ; ils sont composés d’hommes que nous ne connaissons pas, que nous n’avons