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tres souriaient dédaigneusement ; de ce nombre était de Ribas. Les Tolugheddu seuls étaient favorables, sans enthousiasme toutefois, et j’en compris le motif quand Basilio répondit à son parent qu’il avait dit de bonnes choses, mais que si l’on pouvait s’en tirer sans argent, cela vaudrait mieux. Pour Antioco, il avait été vivement ému du passage qui peignait sa triste situation, et je l’avais vu s’efforcer à grand’peine de retenir ses larmes.

Le Sarde civilisé disait vrai ! à l’heure où nous sommes, ces mœurs antiques et rudes. cèdent sous l’effort des idées nouvelles apportées du continent. Le coin est dans le chêne, au moins à Nuoro, depuis longtemps élevée au rang de capitale de l’Est, et habitée par une colonie nombreuse. Là se trouvent, comme partout, des cœurs moins farouches, ou des courages plus timides, que l’opinion avait forcés jusque-là de se montrer aussi énergiques, aussi implacables qu’elle ; mais qui trouvant jour à une différente manière d’agir, l’adoptent avec joie. Toutefois, Puxeddu et Cie étaient loin d’être ébranlés.

Si c’est pour aboutir à des lâchetés que vous avez formé ce conseil, mon parent, dit-il à de Ribas, il ne fallait pas me déranger. Vous connaissiez d’avance mon avis ; je n’en ai eu qu’un toute ma vie et je l’ai prouvé : tout homme qui est un homme, doit venger ses injures et celles des siens, et répondre à l’attaque par l’attaque. On fera ce qu’on voudra ; moi, je ferai mon devoir.

— Et nous aussi ! crièrent les autres. Bien parlé, Toto Puxeddu ! Nous sommes des gens d’honneur !

— Parents et amis, dit don Antonio, je suis avec vous pour la coutume et pour l’honneur. Mais dans un conseil toutes les opinions doivent être entendues… et respectées. Et vous, Effisio, de même que vous, mon hôte, vous n’avez rien dit ?

Effisio voulut me céder la parole ; mais insistai pour qu’il parlât le premier. Il dit, non sans émotion :