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voilà, c’est la justice. Je ne me soucie pas d’aller trainer le boulet.

— Alors, achète quelqu’un, dit Murgia.

Les autres se regardèrent et une ombre de mécontentement parcourut leurs visages.

Puxeddu, le grand et robuste vieillard, prit la parole :

— Autrefois, jeunes gens, les choses se passaient plus vigoureusement et plus noblement. Pour celui qui sent l’injure veut se défendre, il n’est pas besoin de conseils. Qu’Antioco re demande à lui-même ce qu’il doit faire. Quant à nous, ses parents, il n’est pas besoin non plus de nous consulter. S’il tombe dans la vendetta qu’il s’est attirée, nous le vengerons jusqu’au dernier, contre tous les parents et alliés de Nieddu, pour son honneur et pour le nôtre. Tout cela est bien simple, et n’avait pas même besoin d’être dit.

— Amis et parents, dit alors l’homme qui n’avait pas encore parlé, pour moi, je vous l’avoue, je verrais avec plaisir disparaitre ces luttes sanglantes, qui désolent les familles et dépeuplent le pays. Il me semble que nous y gagnerions tous. Quand un homme nous a fait tort, nous pouvons l’attaquer en réparation devant la justice, et même s’il s’agit d’honneur…

Mais à cette parole, un murmure s’éleva, qui alla crescendo jusqu’à des exclamations indignées. Puxeddu se redressa de toute la majesté de sa grande taille et de sa vieilles se, et fulminant contre le malheureux orateur, il voulut sortir. On l’apaisa cependant et l’avocat de la civilisation reprit, en s’excusant.

— Vous ne m’avez pas compris. Je n’ai pas dit qu’on dût porter devant les tribunaux certaines affaires délicates, Chacun reste juge… Mais je dis que la vendetta cause de grands malheurs parmi nous ; vous ne pouvez le nier, puisque nous voici réunis, pleins de tristesse et d’inquiétude pour un des nôtres dont la vie est menacée. Voilà un jeune homme de vingt-cinq