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dont le costume, raffiné et modernisé, annonçait un riche, et qui, lui aussi, se contentait d’écouter, tout le monde était d’accord.

— Malheureusement, dit Basilio, nous ne pouvons rien aux choses du gouvernement et du tribunal. Alors, comment faire ?

— C’est difficile !

— Il n’y a rien à faire, sinon d’être plus habile que la justice, dit, avec un rusé sourire, Pietro de Murgia.

— Comment ?

— Comment ? Eh ! comme tant d’autres ! Est-ce que la justice a jamais su qui a froidi Mariano Bozzu, trouvé au matin dans la cour de sa maison ? Est-ce qu’elle a jamais su qui avait couché dans la poussière, sur la route de Mamoïada, Antonio Ghiso ? Et Cocco Cubeddu ? Et Raimondo Serra ? Euh !… La justice ne voit rien, et ne sait que ce qu’on lui dit. Or, ici, les gens ne parlent pas.

— Ceux qui ont à venger les leurs parlent.

— Il y en a tant qui n’osent pas ! Nieddu n’a qu’un frère, et il est à l’armée. Raimonda n’a d’autre défenseur que Fedele, et ses autres parents ne s’occupent point d’elle.

— Raimonda est une de ces femmes hardies, qui ont le cœur d’un homme. Elle ne songerait qu’à venger Nieddu, en se vengeant elle-même.

— Bah ! quoi qu’elle fasse, ou ait envie de faire, ce n’est qu’une femme.

— La Nanedda Sinni a bien vengé son honneur toute seule d’un coup de poignard !

— Il est plus facile de se défendre d’un poignard que d’un fusil. Enfin, que Raimonda soit à craindre, je le veux bien ; mais Nieddu l’est plus encore, et c’est Nieddu qu’il faut tout d’abord supprimer, sans que la justice ait rien à y voir.

— Très-bien, Mais comment ?

— Ceci regarde Antioco, dit Pietro de Murgia. Si j’avais un ennemi, je ne demanderais à personne ce qu’il faut faire.

— Si ce n’était que lui ! dit Antioco, se guindant pour faire bonne contenance ; mais