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difficile ; mais vous savez bien ce que font les juges, à présent ? Ils mettent en prison un honnête homme, parce qu’il s’est défait de son ennemi, tout comme s’il était un criminel, et ils le condamnent même à mort ou à trainer la chaine. En un mot, ça ne revient guère mieux qu’à se laisser tuer. Voilà l’embarras.

— C’est une honte ! une indignité ! s’écria l’assistance en chœur ; et Pietro de Murgia, qui se trouvait là, je ne sais à quel titre, si ce n’est comme ami d’Antioco, dit :

— Ils viennent pour nous donner la paix et le bon ordre, à ce qu’ils disent, et la première chose qu’ils font c’est de nous mettre dans l’impuissance de nous défendre. À quoi nous sert de savoir que notre assassin sera puni, si nous ne pouvons prévenir sa main ? Drôle de façon d’aider les gens que de leur lier les bras !

— Nous ne sommes pas des enfants, dit un autre jeune homme. De quel droit se chargent-ils de venger nos injures, quand nous ne les en prions pas ?

Un petit vieillard prit la parole d’un ton sentencieux :

— Le bon sens veut que chacun fasse ses propres affaires, et c’est une chose singulière et contre nature que d’autres viennent dire : Non pas, c’est nous, nous étrangers, qui les ferons pour vous.

— Est-ce que ce sont eux, les juges, qui sont insultés ? s’écria un jeune homme, impétueusement. Que viennent-ils donc parler de nous venger ? Ce ne sont pas leurs affaires ! À l’insulté de tirer vengeance, et non point à d’autres.

— Ils sont fous !

— Cela renverse toutes les idées !

— Ils se prétendent savants, et un petit enfant dirait qu’ils ne savent pas ce qu’ils font !

Toutes ces exclamations, ces imprécations, et bien d’autres, se croisaient, s’enchevêtraient. Ce fut un brouhaha. Sauf nous deux, Effisio et moi, et un troisième, un homme,