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aidé en cela par une ceinture, large de trois doigts, en galon d’argent, qui maintenait et serrait sur la gorge les plis de la chemise. Pardessus le corset, une casaque de drap rouge écarlate, à basques, bordée d’un ruban de même couleur, avait les manches ouvertes, de l’aisselle au milieu de l’avant-bras, sur celles de la chemise, éclatantes de blancheur ; fendues également de l’autre côté, au revers du poignet, ces manches y étaient rattachées par deux boutons d’argent avec ornement de ganses d’argent et de bandes de ruban. La jupe, très ample et très longue, d’une grosse étoffe de haine brune, était ornée au bas d’un large ruban rouge.

Pour la coiffure, elle consistait en un grand fichu de laine brune imprimée, pareils à ceux que portent sur le sein nos paysannes du Centre, et qui probablement est le même ; car la Sardaigne tire de France la plus grande partie des objets manufacturés. Ce fichu, posé sur la tête fort en avant, de manière à jeter de l’ombre sur le front, avait les deux bouts relevés sur la tête et formait ainsi une coiffure carrée assez semblable à celle des Romaines. Ces bouts, relevés sans être attachés, de temps en temps retombaient ; alors Grazia les relevait avec un mouvement d’une grâce si jolie et d’un geste si arrondi, que je ne pus m’empêcher de la soupçonner de coquetterie. Plus tard, je vis que c’était une simple habitude, car toutes font de même.

Dans la rue, j’avais remarqué une autre coiffure beaucoup moins jolie. C’était une large bande blanche, noire, jaune ou brune, amenée sur le front de manière à cacher entièrement les cheveux, puis roulée autour du cou, et venant se fermer sur le bas du visage au-dessus de la bouche, quelque chose d’entièrement monacal. Celle-ci, qu’on appelle sa benda, la bande, est, comme j’appris ensuite, la coiffure de sortie, que beaucoup d’ailleurs gardent à la maison, mais en laissant alors flotter par derrière les pans destinés à envelopper le cou et le visage au dehors.