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tragique, devient facilement grotesque, par l’excès des appréhensions qu’elle engendre. Et c’est ce qui excuse un peu la cruauté des railleries où se plait l’esprit humain contre les poltrons.

La fontaine de Calogoni est une de ces merveilles bizarres, qu’ont produites les jeux, ou plutôt les bouleversements, de la nature. C’est une caverne haute et profonde, sous une voûte de rochers énormes, de laquelle sort un torrent, parfois d’une violence extrême, qui va se jeter dans le fleuve d’Orosei.

Les Nur-Hags sont d’étranges constructions, particulières à la Sardaigne, qui ont exercé depuis longtemps, et jusqu’ici en vain, les suppositions scientifiques dos archéologues de France et d’Italie. Ils se rattachent à la mystérieuse famille des monuments de la pierre, sans architecture et sans inscriptions, qui jonchent le littoral occidental de l’Europe. Le Nur-Hag, — on dit aussi Nurazis, — est un cône tronqué, bâti d’énormes pierres, sans taille, ni ciment, avec un art et une solidité extraordinaires, de façon que les angles saillants et rentrants s’ajustent les uns dans les autres, et que l’ensemble offre du bas en haut une décroissance insensible.

Haut de trois à quatre mètres au-dessus du sol, il se compose de deux étages, ou chambres circulaires, dont l’entrée est tournée du côté du sud-est et qui communiquent entre elles par un corridor tournant, bas et obscur. La première chambre est enfoncée au-dessous du sol et complétement obscure, sauf le peu de jour que donne l’entrée, et parfois une ouverture pratiquée dans la voûte et donnant dans la chambre supérieure ; de celle-ci, rarement intacte, on se rend sur la plate-forme, par la continuation du corridor tournant. Très-peu de ces Nur-Hags sont restés entiers ; l’avidité des chercheurs de trésors ou le simple goût de dévastation qui distingue l’espèce humaine, en ont fait, non sans peine, écrouler les murs énormes ; mais ceux, en petit nombre, qui ont été res-