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— Ah !… l’on ne sait pas ; la justice n’a rien trouvé.

— Mais vous disiez que c’en était un de Nuoro, qui voulait épouser la sœur de l’assassiné ?

— Oui, oui ! C’est un on-dit ; mais qui l’assure ? on n’y était point. Je n’en aurais même pas parlé à Votre Seigneurie, si cet homme n’était pas mort l’autre jour. Car avec la justice, il n’y a jamais de tranquillité. Voyez-vous là-bas ce pont ? Un des plus beaux gars du pays est tombé dessous, la face dans l’eau. Moi je l’ai vu, et j’avais peine à le reconnaître…

— Et comment cela ? Était-il donc ivre ?

— Non, signor, non ! Le vin d’Oliena est un bon vin ; mais ce garçon-là était de force à le porter. Il n’était pas ivre ; il avait une balle dans le cœur.

— Et pourquoi ? Qui l’avait tué ?

— Oh ! vous m’en demandez long. Chi lo sa Les gens ont prétendu seulement qu’il regardait de trop près une femme mariée.

Pepeddo, le domestique d’Antioco, dit alors quelques mots que je n’entendis pas.

— Je le sais ! répondit le barracello ; mais ce n’est pas par ici.

— Que dit-il ?

— Il parle d’une rencontre qui a eu lieu là-bas, de l’autre côté de la montagne. C’étaient deux familles en litige pour un terrain. Un jour, qu’ils chassaient, à trois bug quatre de chaque côté, ils se trouvèrent en face les uns des autres. Alors, ils se mirent à s’injurier, et puis se tirèrent dessus. Il n’en resta qu’un. Bah ! pour la propriété, je ne dis pas, mieux vaut s’en remettre aux tribunaux, puisque d’ailleurs, il n’y a guère moyen de faire autrement.

— Eh ! dis-je, il me semble qu’il n’y a pas besoin de beaucoup chercher les causes de la dépopulation de la Sardaigne ; celle-ci doit être une des principales.

— Cela se peut, signor ; mais on se tuait bien plus autrefois. Maintenant, la popula-