— Eh bien ! nous cria-t-il, qu’avez-vous donc ? Vous cherchez mon gibier ? Il doit être sous vos pieds ; car il passait justement sur la tête du signor Tolugheddu.
Cherchant des yeux, nous vîmes en effet, une pauvre hirondelle, abattue dans la poussière.
— C’est moi qu’il visait ! s’écria Antioco ; je l’ai vu ! Monsieur, dit-il en s’adressant à moi ; vous, barrocello, et toi, Pepedo, je vous prends tous trois à témoins qu’il a voulu m’assassiner !
— Celui qui tue une hirondelle au vol, répondit Nieddu, sans s’émouvoir, ne manque pas un porc à 50 pas. Qu’en dites-vous, barracello ?
— C’est un jeu, répondit celui-ci ; tu es un bon tireur, Nieddu !
Et s’adressant à Antioco, il répéta :
— C’est une plaisanterie !
Mais Antioco n’était pas d’humeur à la trouver bonne ; il s’emporta et, répétant que Niedda voulait le tuer, il jura que lui-même saurait bien s’en débarrasser.
— Tu me menaces, Antioco ?
— Je me défends.
— Tu es fou !
— Il m’a dit à moi-même que je mourrais de sa main, et maintenant vous voyez…
— Nous voyons que tu as eu peur, dit froidement le barracello. Allons, Antioco, un garçon de la montagne doit avoir du cœur.
— Au revoir, signori ! nous cria Nieddu, en rejetant son fusil sur son épaule et en disparaissant derrière les arbres.
— Il nous suit peut-être ! murmura Antioco.
Le barracello ne cacha pas sen mépris, et se mit à siffloter entre ses dents. Je poussai mon cheval à côté du sien.
— Pensez-vous, lui dis-je, qu’Antioco ait raison de se défier de Nieddu ?
Il haussa les épaules, comme s’il se fat agi de la chose la plus indifférente.
— Ça se peut, répondit-il ; mais ce n’est pas comme ça qu’il faut faire. Quand on a