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par le juge, ou souverain, d’Arborée[1], Mariano IV. C’était une sorte de garde nationale, puisqu’elle se composait de tous les hommes du canton (à la seule exclusion des mal famés) qui à tour de rôle, chaque année, formaient une compagnie dévouée à la garde des propriétés. Ce qui donna à l’institution un caractère tout particulier, c’est que ces gardes, payés largement par la cotisation proportionnelle de tous les propriétaires, étaient responsables sur leurs propres biens des dégâts qu’ils laissaient commettre ; ils devaient en rembourser intégralement la valeur au propriétaire lésé. Il est curieux de trouver au 14e siècle une des premières applications de l’assurance mutuelle.

Le progrès de la civilisation unitaire a fait supprimer les barracelli dans la Sardaigne méridionale, dite Capo de Cagliari ; mais dans la partie septentrionale (Capo de Sassari), où, comme l’affirmait le brigadier des carabiniers, le respect de la propriété est une vertu des plus rares, l’institution des barracelli s’est, par la force des choses, maintenue. Seulement, ce ne sont plus comme autrefois tous les habitants du canton à tour de rôle, mais un corps spécial, recruté par l’offre volontaire, et très-recherché, car outre les émoluments, il fournit au titulaire la joie, pour un Sarde inappréciable, de chevaucher, batailler au besoin, sans travailler. Les services de cette milice locale sont autrement sympathiques à la population que ceux des carabiniers, et le barracello, plus au fait des choses du pays, et qui garde peut-être bien des secrets, nargue en dessous les efforts de son confrère de la milice royale. Efforts, il faut le dire, souvent infructueux, malgré les fatigues de ces malheureux, presque toujours à cheval sur les routes ou dans la montagne. Cependant, si comme les carabiniers de Mantoue, ils arrivent parfois trop tard, leur seule présence

  1. Un des quatre grands judicats qui, depuis la conquête pisane, se partageaient la Sardaigne.