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zia. Et, d’autre part, c’eût été en effet lui faire aux yeux de tout le pays une grave insulte que de cesser de le voir, après avoir pendant huit jours accepté son hospitalité.

J’y allai donc, et je revis Grazia. Mais je ne retrouvai plus l’amante d’Effisio. Était-ce bien la même vraiment que j’avais vue se tordre en sanglotant sur le lit du blessé, le couvrir de larmes et de baisers, et s’abandonner à l’amour avec toute l’exaltation d’une âme désespérée ?

Elle m’accueillit avec douceur et cordialité ; mais non plus avec l’aimable fraternité d’autrefois ; il y avait sur ses traits comme un voile ; elle était désormais l’épouse d’Antioco. Loin de chercher à me parler, elle se retira sans affectation avant la fin de ma visite. La Francesca me dit :

— Vous n’avez pas vu les beaux cadeaux de ma fille ?

Et elle alla les chercher pour me les montrer. L’aïeule me parla de Tolugheddu et de leurs alliances. Quant à Effisedda, elle me regardait en souriant et me faisait de petites mines vraiment coquettes.

— Tu ne viens plus nous voir ! me répétait-elle avec reproche, en jettant dans mes yeux ses grands yeux noirs.

De Ribas m’invita à venir chasser avec lui sur ses terres. En sortant, je me croisai avec Antioco Tolugheddu, qui me serra la main et m’engagea vivement à le venir voir à Oliena.

— Voulez-vous m’accompagner à mon retour ? dit-il.

— Merci ! ce sera pour une autre fois.

Mais il ne se rebuta pas, et comme sa préoccupation était toujours de se faire accompagner, quand il faisait le trajet d’Oliena à Nuoro, il m’emmena un jour presque malgré moi.

Nous n’étions pas seuls : il y avait le domestique d’Antioco et un barracello, sorte de garde-champêtre à cheval, qui mérite une mention particulière :

Cette institution fut créée au 14e siècle