GRAZIA
Je me disais qu’un peintre de talent ferait une riche récolte de types et de costumes dans cette pauvre et obscure Sardaigne, et qu’une Norésienne, ou une Oliénaise, ferait fureur dans les bals parés du monde parisien.
Les environs enfin m’offraient des promenades variées et de fort beaux aspects, tantôt dans les plis de montagnes et les ravins profonds, tantôt sur les cimes, hérissées de rochers, tapissées de chênes-liéges et de lentisques.
Désormais, j’éprouvais de la répugnance à me rendre chez de Ribas ; invité au repas des fiançailles, je m’étais excusé sur l’état de santé d’Effisio. Mais de Ribas me rencontra et me fit de vifs reproches : j’avais été son hôte ; devenais-je son ennemi ? Que m’avait-il fait ? Devais-je le rendre responsable de la folie d’Effisio ? Pouvait-il donner sa fille à tous ceux qui la désiraient ? Imbu des idées patriarcales de son pays, au sujet de l’autorité paternelle, il ne pouvait soupçonner et n’aurait pu comprendre combien je lui en voulais de sa brutalité envers la pauvre Gra-