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rideaux, de deux ou trois bahuts de chêne sculptés de figures d’un art primitif, de chaises de paille et d’une grande table massive. Au-dessus de la cheminée, étaient suspendus un fusil, une vieille épée, au fourreau déchiré, deux dagues et une paire de pistolets. Dans un coin, d’autres fusils et des gibecières. Près de la fenêtre, se trouvaient deux métiers à tisser qui me causèrent une certaine surprise. Ces dons s’étaient-ils faits tisserands ? L’un des métiers portait une pièce de toile ouvrée, à dessins très-fins, l’autre une pièce d’étoffe de laine brune grossière. Aux murs, de vieux portraits à l’huile, en costumes sardes ou espagnols, presqu’en lambeaux.

Mon hôte sortit bientôt, ainsi que sa femme et la petite-fille, et je me trouvai seul avec l’aïeule, qui filait une quenouille de laine blanche, assise dans un vieux fauteuil, tout en attachant sur moi des yeux animés d’une curiosité douce et caressante, et la jeune fille devenue mon interprète. Celle-ci, pour mieux remplir son rôle, s’était assise près de moi et d’un air simple, sans coquetterie, se faisant évidemment un devoir de soutenir la conversation, elle me questionnait.

— Je venais du continent ? Et quel était mon pays ? Avais-je été en route bien longtemps ? Et que venais-je faire à Nuoro ?

Toutes ces questions, pour être formulées d’une voix douce et d’une physionomie charmante, n’en étaient pas moins plus directes que ne le permet la politesse dans notre pays. J’y répondis en toute franchise. En apprenant que j’étais Français, elle me dit :

— Oh ! c’est un beau pays que la France ! Vous êtes sans doute de Paris ?

André Léo.

(À suivre.)