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— Je lui parlerai.

Ils marchèrent alors en silence jusqu’à la maison de Raimonda, et là Nieddu, d’une voix rauque :

Adieu ! dit-il.

— Mais la jeune fille, se tournant brusquement, lui prit la main :

— Fedele, je t’en prie, attends encore un peu ! Deux hommes qui se parlent de ces choses se querellent toujours et si Antioco n’était qu’égaré un moment par cette Grazia ?… Attends, je te prie ! Dimanche, il viendra, je lui parlerai.

Nieddu fut longtemps à répondre, comme s’il faisait un effort ; il dit enfia :

— Raimondica, tu ne le connais pas encore et peut-être y a-t-il plus d’amour que de haine dans ton cœur ? Mais je suis ton père et ton frère ; je ne veux pas que tu puisses m’accuser d’avoir gâté ta destinée. Fais ce que tu voudras.

— Tu es plus tendre qu’un père, et plus dévoué qu’un frère, dit la jeune fille en baisant la main de Nieddu. Je te dirai tout désormais.

Et ils se quittèrent.

— Mais ç’avait été vainement que le dimanche, à la danse, Raimonda avait attendu Antioco ; il ne s’était pas approché d’elle, il n’avait recherché que Grazia.

Folle de fureur et de jalousie, le soir elle avait dit à son cousin :

— Maintenant, je te l’abandonne !

Et sur-le-champ Nleddu s’était mis à chercher Tolugheddu.

Mais celui-ci, plein de ses projets amoureux, était reparti de bonne heure pour Oliena, afin de décider son père à venir le lendemain demander la main de Grazia. Nieddu se rendit à Oliena ; les Tolugheddu père et fils étaient partis pour Nuoro. Il les attendit jusqu’au soir.

À la manière dont la demande avait été reçue par de Ribas, les Tolugheddu regardaient le mariage comme fait, et le bel Antioco se pavanait dans sa joie, quand un