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la virilité, et sous lesquels disparait le beau justaucorps.

Entré dans la maison, je me trouvai en présence de trois femmes de différents âges, auxquelles vint s’adjoindre un instant après une fillette de treize à quatorze ans. De Ribas ayant dit quelques mots, les femmes vinrent à moi :

Siat il ben benit, me dirent-elles.

Et je compris que j’étais le bienvenu.

— Grazia ! dit encore de Ribas en s’adressant à une belle jeune fille.

Elle écouta, d’un air doux et docile, ce qu’il disait, et se rapprochant aussitôt de moi :

— Signor, me dit-elle en bon italien, soyez le bienvenu dans notre maison et faites-moi la grâce de me demander tout ce dont vous pourrez avoir besoin et que nous pourrons vous offrir.

Il était impossible de n’être pas touché d’un si doux accueil ; je la remerciais, quand la plus âgée des femmes, l’aïeule sans doute, qui attachait sur moi des yeux étonnamment vifs et perçants, me prit par la main pour me faire asseoir. L’autre, d’une quarantaine d’années qui devait être la femme de don Antonio, s’empressa de mettre le couvert. Toutes ces figures étaient affectueuses et chacun de mes hôtes paraissait me comprendre, sans pouvoir cependant parler la même langue que moi. On apporta des verres, une bouteille, et la belle jeune fille me demanda si je voulais boire du vin ou prendre du café, en attendant le repas que l’on allait préparer. J’acceptai un verre de vin, où je voulus mettre de l’eau, ce qui parut leur causer beaucoup d’étonnement. Ce vin était pourtant d’une force extrême. Mon hôte en avala deux verres tout d’un trait et parut peu content de ma modération.

J’étais dans une salle assez grande, aux murs blanchis à la chaux, et dont les meubles se composaient d’un lit de chêne sans