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qu’il avait lâchée peu auparavant, dans l’accablement de sa douleur.

— Il faut que tu me dises tout ! reprit-il avec force.

— Et où l’aurais-je vu ? dit-elle avec éclat, si ce n’est où se voient les filles et les garçons, à la danse ?

Nieddu réfléchit un instant et, d’une voix sévère :

— Tu l’as vu ailleurs !

— Non !

— Tu mens !… Il ne venait que rarement aux danses de Nuoro ; toi-même, tu restais souvent sans y aller. Donc, tu le voyais ailleurs.

— Non ! non !

— Prends garde, Raimonda ! Tu ne peux pas me tromper ; j’ai de bons yeux en tout ce qui te regarde. Il faut que je sache tout ! car, je te le répète, je suis ton père et ton frère, et je serai ton vengeur, si Tolugheddu s’est mal conduit envers toi. Pour toi, bien que tu aies cruellement éprouvé mon cœur, je ne te ferai point de reproches ; tu es assez punie par ta honte et ta douleur. Avoue-moi tout ce qui s’est passé, et je n’en parlerai pas, même pas à la mère.

— Ah ! s’écria-t-elle, en lui jetant les bras autour du cou, dans un de ces élans familiers à son impétueuse nature, ah ! Fedele !… Tu es le plus généreux homme de la terre !… Pourquoi t’ai-je dit autrefois que je ne pouvais pas t’aimer ?…Pourquoi t’ai-je laissé, toi, le joyau d’or, pour une parure menteuse de cuivre doré ? Oui, je te dirai tout ! et tu m’aideras à mettre si bas le misérable, qu’il en vienne à me supplier à genoux !… lui qui se rit de moi maintenant ! Oui, oui !… je veux le voir à mes pieds ! et alors je lui dirai : lâche !… traitre… homme sans foi et sans honneur ! je. te hais et je te méprise !!! Et j’écraserai sa tête sous mon talon !… Et je trépignerai sur son cœur !!! Et je lui rendrai, s’il est possible, tout ce qu’il m’a fait souffrir !…