Page:Leo - Grazia.djvu/107

Cette page n’a pas encore été corrigée

pouvant cacher de ses deux mains son visage, elle le couvrit de la main restée libre ; car, à ces paroles de Nieddu, son cœur venait de se briser et un torrent de larmes coulait de ses yeux.

— Tu aimes donc Antioco ! demanda-t-il d’une voix tremblante.

Elle voulut parler et ne put que sangloter.

— Tu as fait là un mauvais choix ! Antioco Tolugheddu est plein de vanité, léger de caractère ; il n’aime que lui-même et son plaisir. Il cherche l’amour facile et non pas l’amour honnête ; il a fait la cour à toutes les veuves d’Oliena. Son père est riche et orgueilleux ; toi, tu es pauvre, Raimonda. Tu aurais dû penser que te marier avec lui était une chose impossible.

— Et pourquoi ? dit-elle impétueusement, un cœur en vaut un autre ! S’il m’aimait, cela suffirait. Mais je vois bien à présent qu’il ne m’aime plus. Oh ! le trompeur ! C’est une chose horrible !… Je le tuerai !…

Ses yeux jetaient comme des éclairs dans la nuit, et, aux clartés des étoiles, son visage, couvert de larmes, brillait comme la rosée dans les prés. Nieddu baissa la tête, garda un instant le silence ; puis, amèrement :

— Toi aussi, Raimonda, tu as été séduite par de beaux habits et une langue dorée. Je te croyais le cœur plus haut. Je te croyais fière et je t’admirais… Oh ! comme tu m’as trompé !…

— Je le vois maintenant, Fedele, que tu vaux mille fois mieux que lui ; mais mon cœur me rendait aveugle. Il me disait qu’il m’aimait et je le croyais. Oh ! je me vengerai !…

— Comment pouvais-tu croire qu’il t’aimait, puisqu’il n’est jamais venu honnêtement te demander à ta mère ou à ton parent, puisqu’il n’a jamais franchi le seuil de ta maison ? Et maintenant dis-moi… Raimonda, jusqu’où est allée ta folie ?… Où te parlait-il ?… Où vous êtes-vous rencontrés ?

La jeune fille, par un mouvement instinctif, s’était éloignée de son cousin à cette interrogation directe ; mais il reprit sa main,