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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 23 AVRIL 1878.

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GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

I

J’avais connu Etfisio Cambazzu en février 1871. Il était de ces volontaires italiens accourus pour défendre la France, et qui, dans les Vosges, avaient repoussé victorieusement l’invasion. Avant de reprendre le chemin de l’Italie, Effisio Cambazzu était venu à Paris, en compagnie d’un de ses frères d’armes, Angelo Rizzi. Je les avais accueillis avec toute la reconnaissance que m’inspirait leur dévouement à ma patrie et nous avions lié amitié. Deux ans après, me trouvant à Gênes, où résidait Rizzi, j’allai frapper à sa porte.

Le héros des Vosges s’était métamorphosé en commerçant. Il était commis dans une agence.

— Que voulez-vous ! me dit-il en soupirant, ce n’est pas mon métier. Mais que faire ? Nous autres, Italiens, nous n’avons guère de choix qu’entre le commerce et le fonctionnarisme. Né Génois, je dois être commerçant, — bien que ce ne soit plus la même chose qu’il y a quatre siècles. — Cherchez les