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Car ce n’est pas la valeur du travail qui en règle le prix : c’est le gain strictement nécessaire à la nourriture de l’ouvrier. Pensez un peu, l’oisif, de son côté, n’a que cela pour vivre !… seulement l’excédent de valeur qu’il pourra ne pas payer. Et naturellement il en veut payer le moins possible ! Il ne peut pas, lui, travailler de ses mains, chose indigne de son importance ! Il vit de ses calculs et de ces prélèvements ; et quand on veut bien vivre, tenir maison et rouler carrosse, être riche enfin, ce n’est pas trop, assurément, de 15 à 20 0/0 selon l’objet ! Encore faut-il un grand nombre d’ouvriers pour gagner assez ! Puis, vous savez, on ne force pas les gens ; c’est à prendre ou à laisser. Si vous ne voulez pas, on en trouvera d’autres. Ça ne manque pas, les gens qui veulent du travail à tout prix, et même qui se le disputent.

Honneur à qui s’insurge contre un tel état de choses et réclame ses droits d’humain à ceux qui ne comprennent pas leurs devoirs, et sont incapables d’user dignement de leurs droits ! Il faut citer à ce propos le rare et magnifique exemple, signalé par l’Aurore, d’un patron, M. Hills, constructeur de navires, qui prête six millions aux grévistes (sans intérêt) pour soutenir leur grève ! Il va sans dire que celui-ci n’est pas de l’association patronale et concède la journée de huit heures à ses ouvriers. Tant d’originalité ne se verra-t-elle jamais qu’en Angleterre ? Espérons !

Réveillés d’un long sommeil par les révélations de la Révolution de 89 — ne disons plus