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étaient présentés, à une curiosité d’autant plus vive qu’on ne leur demandait point d’effort. Ils n’avaient qu’à ouvrir l’oreille et les yeux, chose agréable et facile. On refuse souvent d’apprendre, mais on ne refuse pas plus de savoir que de jouir ; car savoir est une des plus belles jouissances de l’homme. Tout le talent de l’instituteur consiste donc à exciter chez l’élève le goût de la science assez pour que l’effort nécessaire à sa conquête ne soit plus que l’élan qui nous porte, à travers l’obstacle, vers l’objet de notre désir.

Robinson achevé, ce fut la biographie de Colomb, le plus merveilleux des romans et la plus touchante des histoires. Sur un énorme globe, que tous vinrent examiner tour à tour, était la route immense et aventureuse, tracée en rouge sur les flots de l’Océan, et la lecture, toujours mêlée d’explications, le fut bientôt des exclamations de l’auditoire enhardi et de questions et de réponses qui établissaient une communication complète entre la lectrice et ses élèves. Après cette heure d’émerveillement devant le monde inconnu, la seconde heure fut consacrée aux exercices de lecture, d’écriture et de calcul, dont le but et l’importance, présents dès lors aux yeux de tous, rendaient l’écolier plus ardent, la tâche plus légère. Comme il ne se trouvait là à proprement parler, ni maîtres ni élèves, mais des gens de bonne volonté, attirés par le désir d’apprendre, ceux qui savaient lire, d’eux-mêmes, se firent moniteurs, et la mutualité la plus large s’exerça.

Enfin, le dimanche, eurent lieu les deux cours professés par le docteur et par le baron : économie agricole, hygiène et sciences naturelles. Mme de