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que vous auriez appris quelque chose ?

— Moi ? rien du tout. Je dis seulement que ce garçon-là doit s’ennuyer seul, et qu’à son âge il n’est pas naturel de ne pas tourner autour de quelque jupon.

— Ah ! capitaine ! voilà bien de vos idées !

Et Mlle Chaussat baissa pudiquement les yeux. Mais ce fut pour les relever presque aussitôt en reprenant la parole :

— Il est certain que M. Keraudet paraît peu se préoccuper des avantages d’une union bien assortie. Mlle Marie Bernereau lui allait comme un gant. Et c’est une fille si intéressante et pieuse ! Eh bien, je sais qu’il a fait la sourde oreille sur ce point aux avances de Mme Fichon.

— Je n’aime pas votre Émile Keraudet. C’est un orgueilleux. Est-ce qu’on le voit jamais dans nos réunions ? Et pourtant nous le valons bien, je pense. Un garçon que j’ai vu tout petit ! Mais c’est comme cela.

Les jeunes gens d’aujourd’hui ont des prétentions !… Nous n’étions pourtant pas des imbéciles dans notre temps, mademoiselle Chaussat.

— C’est ainsi que va le monde, monsieur Montchablond. Il me semble en effet que ce jeune homme devrait être heureux, le soir, après ses courses, de se délasser par une partie de whist ou de piquet en bonne compagnie. Mais la jeunesse, aujourd’hui, n’aime plus les plaisirs honnêtes… Ainsi, vous supposeriez le docteur capable… de…

— De courtiser quelque jolie fille de