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fera rien. Et pourquoi lui demander ? Il faut être juste. Avant, pendant, comme depuis Louis XIV, l’État, c’est lui, ce sont eux ; ce n’est pas nous.

Or, demanderez-vous à un traitant qu’il renonce à ses bénéfices et travaille à abolir sa charge ? Folie ! Vous obtiendrez donc de pompeuses paroles, des réformes apparentes, mais creuses ou perfides, des remaniements insignifiants, une fantasmagorie de fausses mesures, point de faits sérieux. Rappelez-vous que l’ignorance et l’obéissance, sœurs jumelles, sont les bases de toute monarchie comme de toute théocratie, et reconnaissez que pour sortir du cercle vicieux ou l’avénement même de la puissance populaire nous a renfermés, il n’y a d’autre ressource que l’initiative et les efforts des gens éclairés, travaillant sur autant de points à la fois qu’il se pourra faire, et suppléant à la force du nombre par la persévérance et le dévouement.

— Eh bien ! s’écria Mme de Carzet, ce qui peut être fait, nous devons le faire. Mon cher père, ouvrons à la Ravine une école d’adultes, n’est-ce pas ?

— De tout mon cœur, dit le baron ; mais qui sera l’instituteur ou l’institutrice ?

— Moi ! répondit-elle avec des yeux brillants de résolution.

— Vous, madame ?

— Cela vous étonne, monsieur ? Ne me jugez-vous point assez persévérante ? Vous verrez.

Elle souriait et ses yeux étaient humides. Tout ébloui des rayons et des