Page:Leo - Attendre - Esperer.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pitaine ! je ne me pardonnerais jamais un pareil malheur.

— Eh ! mademoiselle Chaussat, vous mériteriez bien qu’un galant homme fasse quelque chose de pareil pour vous.

Cette réponse chevaleresque émut la voisine du vieux guerrier au point qu’elle ne put que balbutier avec un profond attendrissement.

Ah ! capitaine ! »

Et nous croyons même, sans toutefois pouvoir l’affirmer, car, malgré l’assertion de Mlle Chaussat, le clair de lune, si beau qu’il fût, ne rendait pas les nuances à l’égal du jour, nous croyons même qu’une rougeur colora ses joues, fleuries depuis cinquante-cinq printemps.

Après un moment de silence, elle reprit :

— J’en reviens à ce que vous me disiez ce matin, capitaine, peut-être ce jeune homme a-t-il des préoccupations…

— Cela doit être, mademoiselle, cela doit-être. La jeunesse est l’âge des passions. Eh ! eh ! je l’ai su dans mon temps aussi. Non-seulement il n’y aurait rien d’étonnant à ce que ce jeune homme eût une intrigue, mais il serait étonnant qu’il n’en eût pas.

— Je saurais ce qui en est, dit la vieille fille.

Pareilles promesses chez Mlle Chaussat n’étaient pas vaines, car, si elle ne parvenait pas toujours à savoir précisément ce qui en était, elle croyait le savoir du moins, ce qui revient au même pour toute personne convaincue. Et si, comme le prétendent certains philosophes, les choses n’ont d’existen-