Page:Leo - Attendre - Esperer.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs têtes ? car une lueur rose passa également sur le beau visage de la jeune femme. Elle salua de nouveau et cette fois s’éloigna décidément, emmenant sa fille par la main. La Ravine, jolie maison de campagne bâtie sur le bord d’une gorge, n’est qu’à un kilomètre de distance du moulin à vent.

Après avoir de son côté fait quelques pas dans la direction du moulin, Émile Keraudet se retourna comme pour contempler encore le soleil couchant, et ses regards, obliquant sur la direction de son corps, se portèrent frauduleusement sur le chemin où Mme de Carzet s’était engagée. Mais une haie de chênes touffus cachait déjà les deux promeneuses. Un soupir s’échappa de la poitrine du jeune docteur, et ses yeux se reportèrent sur le paysage qui tout à l’heure l’avait si fort enchanté ; mais bien que ces minutes écoulées eussent produit des splendeurs nouvelles, il se trouva que le même charme n’y était plus. Tout à l’heure, Émile eût voulu éterniser sa contemplation ; maintenant, il éprouvait une sourde impatience qui le poussait à changer de place. Tout rêveur, presque triste, il retourna près de sa malade.

Elle avait repris des forces et voulut raconter longuement tout ce qui s’était passé ; mais après quelques questions brèves, le docteur lui imposa silence, de peur qu’elle ne se fatiguât. Toutefois, elle s’informa encore de Mme de Carzet, et le docteur voulut bien répondre qu’elle était partie. Alors la bonne femme se répandit en doléances, — car elle ne lui avait pas même dit