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— Tout cela est admirablement beau, monsieur, dit ou exhala plutôt, la jeune femme en tournant vers son interlocuteur un visage ému.

— C’est le coucher de soleil le plus splendide que jamais j’aie contemplé, répondit Émile Keraudet, sans se rendre compte à lui-même de toute la portée de cette opinion, bien qu’il ajoutât immédiatement :

— Et cependant je viens souvent ici, car c’est un des plus beaux points de vue des environs.

— J’y viens souvent aussi, reprit Mme Carzet, et chaque fois ce sont des beautés différentes. La vue que nous avons de la Ravine est charmante, mais bornée en comparaison. Comme on est mieux ici qu’au milieu des murs de Paris ! dit-elle en jetant sur le paysage un nouveau regard charmé. Tant de beauté, c’est déjà presque du bonheur !

Elle prit sa fille par la main et se tourna du côté de la Ravine :

— Je reviendrai voir votre malade, monsieur, et s’il ne lui faut que du repos et des aliments fortifiants, vous pouvez la remettre à mes soins.

— Je n’ai pas dit tout à fait cela, balbutia le jeune docteur d’un air contrarié dont Mme de Carzet fut surprise. Il ajouta :

— Ce sont de braves gens, et je viens… assez souvent… les voir.

Elle saluait, quand il reprit, en homme qui s’accroche à tout pour renouer une conversation :

— Vous avez donc, madame, reconnu vous-même les inconvénients de l’aumône ?

— Oui, répondit-elle, plus d’une fois