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FEUILLETON
DU PHARE DE LA LOIRE DU 29 MARS.
======= N° 2 ======
ATTENDRE-ESPÉRER

I
(Suite).

Il y eut un bruissement d’étoffes ; les ombres se projetèrent encore du côté d’Émile, puis glissèrent en s’éloignant, et le silence régna de nouveau dans les genêts.

Le jeune homme restait frappé de ce qu’il venait d’entendre. La poésie de cette heure, le charme de la voix, la hauteur de la pensée, la simplicité des paroles, tout l’avait ému dans cet épisode, qu’il ne pouvait pas même appeler une apparition. Il se leva en regardant au-dessus des genêts avec précaution ; mais il ne vit personne. Du côté où les deux inconnues s’étaient éloignées, une haie bordait le champ. Pensif, Émile Keraudet retournait vers le moulin, quand un cri perçant, parti de derrière la haie, le fit courir dans cette direction.

Un groupe alors s’offrit à ses yeux troublés, dans lequel il ne vit distinctement, au premier abord que la personne malade qu’il était venu visiter, c’est-à-dire la femme du meunier. Elle était évanouie ; une femme tremblante la soutenait dans ses bras ; une petite fille, qui criait tout en courant, s’était heurtée contre les jambes du docteur.