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gnée d’Émile et de Mme Keraudet, il pressentit ce qui s’était passé, et son visage rayonna d’une joie pareille à celle qui éclairait le visage de ses amis. Les fiançailles furent bientôt conclues. Au milieu de leurs propos :

— Eh bien, dit le baron à Émile, ajouterez-vous à votre nom celui de Beaudroit ?

— Ah ! baron, comment pouvez-vous tenir à cela !

— Eh ! mon ami, qui n’a ses petites faiblesses ? Après tout, ce n’est pas que j’y tienne énormément, peut-être ; c’est vous plutôt qui avez sur ce point vos préjugés.

— Pas le moins du monde.

— Alors, qu’est-ce que cela vous fait ? Songez d’ailleurs que ce n’est pas seulement une complaisance pour un vieil ami, pour un père, mais un hommage aux principes d’égalité, un pur acte de démocratie.

Et le bonhomme souriait avec des yeux pétillants de douce malice.

— Baron, vous avez tant d’esprit que vous ne craignez point de vous railler vous-même.

— Pourquoi pas ? Nous sommes tous un peu de vrais enfants. Mais le plus jeune manque à la fête. Marthe ! appela-t-il par la fenêtre.

— Espérez, monsieur le baron, dit une fille de ferme qui passait ; je vas la chercher.

— Comment avez-vous pu vous obstiner si longtemps au désespoir, reprit M. de Beaudroit en se retournant vers Émile, dans un pays où tout le monde, en vous conseillant d’attendre, vous dit d’espérer ?

André Léo.
FIN.