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comme cela. Je suis sûre que tu es malade.

— Il ne serait pas mal de le lui persuader, observa M. de Beaudroit.

Sans tenir compte de l’épigramme, la jeune femme accabla de questions l’enfant, d’abord insoucieuse, mais qui, mise en demeure avec persistance de dire si elle n’avait point de mal à la gorge ou à la poitrine, réfléchit, et bientôt, avec de grands yeux inquiets et sérieux, déclara qu’elle avait mal à la gorge.

— Et à la poitrine, ajouta-t-elle un instant après, avec la même conviction, en posant la main au-dessous de sa ceinture.

Mais Mme de Carzet ne parut pas s’occuper de l’erreur contenue dans une telle indication.

— Vraiment, reprit-elle, cela m’inquiète. Je n’aime pas ces toux. À la campagne, un refroidissement se prend si vite ! et cela peut avoir des conséquences si graves !…

Avec un peu d’embarras, elle ajouta :

— Il faudrait consulter M. Keraudet.

— Tu ferais mieux de le consulter pour toi-même, dit le baron.

— Pour moi ! Je ne suis pas malade.

— Alors c’est plus grave.

— Comment donc, père que voulez-vous dire ?

— Je veux dire que depuis trois jours tu n’es plus la même. Tu ne m’entends pas quand je te parle, d’abord ; tu es impatiente, toi si douce, et, quoi que tu en dises, il y a de la fièvre dans tout cela, car tes mains sont brûlantes.

Mme de Carzet rougit.