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Carzet avait l’habitude de se promener avec sa fille. Le baron le reçut, et après l’avoir gardé quelque temps au salon, il l’emmena visiter ses champs, précisément du côté où se trouvaient Marthe et sa mère. On se rencontra, et Marthe sauva de part et d’autre beaucoup d’embarras en sautant la première au cou de son ami. Le premier choc passé, Mme de Carzet reçut Émile en voisin qu’on aurait vu de la veille. Cette froideur irrita profondément le jeune homme, qui, de son côté, fût glacial. Le baron était de mauvaise humeur. La petite Marthe seule fut aimable.

Toutefois, comme l’avait prévu Mme Keraudet, cette visite fit sensation et déconcerta les commérages. On ne savait plus que penser, ni même que dire, surtout quand le docteur eut repris son cours du dimanche comme auparavant.

Ce cours, où assistaient Mme de Carzet et le baron, eut bientôt un succès immense. Le jeune docteur parlait avec une éloquence véritable.

Au bout de quelques instants, après avoir commencé du ton le plus simple et le plus familier, il s’animait peu à peu, ses yeux lançaient des éclairs, sa voix devenait vibrante, et il lui venait à propos de tout, naturellement, des réflexions saisissantes.

Quand il parlait des petits enfants, des soins qu’il fallait donner a leur corps si frêle et à leur esprit si pur, toutes les mères pleuraient, et, en d’autres moments, il y avait même des jeunes filles qui pleuraient aussi sans savoir pourquoi. La parole du