— Mon absence rendait ma mère malheureuse, répondit Émile. Bien des soins réclamaient ici ma présence. Je suis revenu… J’ignore pour combien de temps.
— Quand viendrez-vous nous voir ? demanda le baron.
Émile rougit :
— Monsieur, je craindrais de déplaire à Mme de Carzet.
— J’affirme que vous ne lui déplairez pas.
— Je suis heureux de l’apprendre, monsieur, mais… s’il faut vous l’avouer, j’ai subi l’épreuve la plus rude qu’un cœur d’homme puisse supporter sans mourir. Quand enfin, à force de courage et de volonté, je suis devenu plus calme, plus maître de moi-même, dois-je m’exposer à perdre, en un instant peut-être, le fruit de ses efforts et à redevenir aussi faible, aussi malheureux que déjà ?
Le baron se leva, comme c’était son habitude quand l’impatience le prenait, et se promena de long en large en marchant très-fort.
— Vous êtes précisément, dit-il, de