Page:Leo - Aline-Ali.djvu/89

Cette page n’a pas encore été corrigée

pourquoi j’ai tenu à vous dire mon sentiment et à savoir le vôtre, monsieur Germain.

— Le sentiment que j’éprouve en ce moment, — dit-il de l’air d’un homme que mille piqûres viennent d’irriter et qui sent le besoin d’être agressif à son tour, — c’est l’éblouissement où vous me jetez en vous montrant si diserte, si logique, et mille fois plus savante et plus raisonneuse que je ne me serais permis de le supposer. »

L’accent âpre dont il dit ces mots frappa Mlle de Maurignan plus que ses paroles, et elle le regarda avec étonnement.

« Vous ne répondez point à ma question, reprit-elle.

— Je suis trop juste, répondit le jeune homme, pour ne pas convenir avec vous que l’abus est possible, et même fréquent ; mais je ne vois malheureusement pas le moyen de changer la situation dans ses termes, et l’influence de la raison et l’adoucissement des mœurs me paraissent les seuls agents sur lesquels on doive compter ; déjà nos progrès à cet égard ont laissé les lois en arrière.

— Elles devraient donc être réformées, au double point de vue du fait et du droit, repartit Aline. Mais encore une question : Si dans notre vie commune, quelque jour il se produisait entre nous une divergence de vues sur tel ou tel point, qu’arriverait-il ?

— Je me ferais un devoir et un plaisir de vous céder, n’en doutez pas, à moins d’un intérêt grave.

— De sorte que s’il s’agissait d’un intérêt grave, c’est-à-dire dans le seul cas où je tiendrais fortement à mon avis, c’est le vôtre qui prévaudrait ? — même