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besoins de leur époque. L’autonomie naturelle de l’individu exige la liberté dans l’État. Seulement…

— Les femmes ne seraient-elles point des individus ? »

Germain fit un soubresaut qui indiquait une contrariété de plus en plus vive, et il s’apprêtait à répliquer, lorsque Aline reprit :

« Il me semble que l’argument invoqué par vous pour légitimer l’assujettissement de la femme dans la famille, s’il était vrai, prouverait également la nécessité de la monarchie dans l’État.

— Mais… pas du tout, répliqua Germain ; cela me paraît… tout différent.

— Pourquoi ? Si l’ordre est impossible sans hiérarchie, le droit égal de chacun devra créer également au sein de la société d’incessants conflits…

— Pardon ; car enfin… entre citoyens, l’intérêt commun, la nécessité de l’union, de bonnes lois…

— Où l’intérêt commun est-il plus évident et plus fort que dans la famille ? Où la nécessité de l’union se pourrait-elle mieux faire sentir ? Où de bonnes lois enfin seraient-elles plus nécessaires pour établir l’harmonie par la justice, au lieu du trouble par l’oppression ? Convenez-en, monsieur Larrey, la plupart des mariages ne sont pas heureux ; l’ordre, ce prétexte, est loin d’y régner, et cela doit être, parce que l’ordre ne peut résulter de l’injustice. Vous venez de faire du mariage un tableau contre lequel une grave objection se présente à mon esprit, mais qui serait du moins satisfaisant au point de vue de la paix. Seulement, ce tableau n’est-il point de fantaisie ? Ne représente-t-il pas votre idéal plutôt que