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toujours. Et cependant elle avait pour lui une affection réelle, et le cœur lui manquait à la pensée de rompre leur engagement et de l’affliger. Aussi se trouvait-elle partagée entre deux répugnances presque égales, tandis que l’usage et l’opinion lui interdisaient le moyen terme qu’elle eût choisi : l’attente.

Elle s’en tira vis-à-vis d’elle-même par un élan tout à fait selon sa nature franche et décidée. Elle se confierait à Germain, en le priant d’excuser près de sa famille de nouveaux retards, qu’ils emploieraient à se révéler complétement l’un à l’autre, à s’assurer de la conformité de leurs caractères et de leurs vues, ou tout au moins du respect de leur mutuelle liberté. Alors elle désira l’arrivée de Germain autant qu’elle l’avait redoutée auparavant. Il avait été convenu qu’il viendrait passer à Ems quelques jours.

Il arriva bientôt, poussé par sa propre impatience et fut ravi de la réception cordiale que lui fit sa fiancée, rétablie déjà par deux semaines de villégiature et plus charmante que jamais. Aussi, dès le premier soir, hasarda-t-il un mot sur les dispositions à prendre en vue de leur mariage, au retour. M. de Maurignan se tourna vers sa fille pour l’interroger elle-même. Aline rougit d’embarras, et, lançant à son père un coup d’œil tendre et suppliant :

« Permettez-moi de ne pas répondre ce soir, dit-elle… J’ai beaucoup à dire, cependant…

— Oh ! oh ! fit M. de Maurignan.

— Voilà une déclaration effrayante de mystère, dit Germain. Du moins, oracle cher et redouté, si vous vous taisez ce soir, demain, parlerez-vous ?