sion, si chère et si nécessaire aux vieillards, d’être utile encore.
Pour elle, cependant, ces occupations ne faisaient que remplir sa vie extérieure, et sous ce tissu de conversations, de courses, d’études, qu’elle animait pourtant d’une aimable vivacité, d’une attention toujours prête, vivait, dominante ou engourdie, mais toujours présente, la pensée des révélations de Suzanne, de ce testament de désespoir, appuyé d’une preuve si terrible. Ce drame de la destinée de la marquise était-il réellement celui de toute femme aimante, intelligente et fière ? Non, sans doute. Il en devait être bien différemment selon que le mari s’appelait Armand de Chabreuil ou Germain Larrey. — Mais cela même n’était-il pas la confirmation des paroles de Suzanne ? Oui, — tout dépendait, tout absolument, pour une femme, de l’homme à qui elle confiait sa destinée ; il en était l’arbitre, le maître absolu.
Une telle pensée, qui se reproduisait sans cesse dans l’esprit de la jeune fille, en même temps qu’elle irritait son orgueil, l’inquiétait profondément.
« Eh quoi ! se disait-elle, tout abdiquer ! se remettre soi-même aux mains d’un autre ! Quel excès de confiance ! Et où se trouve l’être omniscient et parfait, capable de connaître mes intérêts mieux que moi-même, et de soutenir vis-à-vis de moi ce rôle de Dieu tutélaire ? »
À ce point de vue, la confiance, très-grande pourtant, qu’elle avait en Germain Larrey ne lui suffisait plus ; elle sentait le besoin de le connaître beaucoup plus encore ; peut-être même, sous l’empire d’une telle pensée, eût-elle éprouvé le besoin de l’étudier